Mieux comprendre le marché de la parapharmacie et ses perspectives d'emplois
Nous nous attacherons ici à apporter un maximum d'éclaircissements sur un domaine parfois mal connu : la Parapharmacie et les emplois qui s’y rattachent.
C’est en 1993 que l’histoire commence, lorsque le terme « Parapharmacie » a été pour la première fois employé dans le secteur de la grande distribution. Le terme a été inventé par celle-ci pour désigner le regroupement des produits de soins et d’hygiène dont la nature initiale était de pouvoir être vendus sans ordonnance et donc pas obligatoirement par le créneau d’une pharmacie. Une législation précise vint encadrer la vente de ces produits sans ordonnance en grande surface, obligeant pour les exploitants la présence d’un pharmacien diplômé dans l’établissement
Une entorse au monopole des pharmaciens sur la vente des produits de cette nature hors des officines. Jusque là ces produits étaient regroupés dans un rayon de la pharmacie, la plupart du temps non accessibles directement au public et vendus comme un médicament par les collaborateurs du pharmacien, préparateurs et préparatrices en pharmacie. Le début d’une longue histoire qui a entraîné dans le temps une croissance phénoménale de ce secteur réalisée en parallèle avec une baisse des prix très conséquente ainsi que des besoins en personnel professionnel qualifié accrus de façon considérable.
Dans l’univers de la Parapharmacie sont regroupés les produits d’hygiène corporelle, les produits cosmétiques, les huiles essentielles et les produits diététiques. Ne sont notamment pas concernés par le secteur tout ce qui concerne : les médicaments, l’homéopathie, les produits vétérinaires et les aliments diététiques. Même si l'on commence à observer des changements sur ce dernier point.
La Parapharmacie dans les établissements « pure player »
Ce sont eux qui ont été les tout premiers à développer ce nouveau concept de magasin spécialisé sur cette activité. Avec l’enseigne Parashop, la première enseigne à apparaître et à se multiplier sur le territoire national. Ils ont véritablement imaginé et créé ce concept. L’organisation propre à ces magasins s’est concrétisée par l'exploitation à 100% en libre-service, des gondoles et étagères facilement accessibles à la clientèle et des prix « discountés », de l’ordre de 20% par rapport à la pharmacie traditionnelle.
Ce sont eux qui ont aussi créé toute la dynamique commerciale interne au magasin, basée sur les promotions et leur mise en avant sur la surface de vente, voire même appuyée par une campagne extérieure de publicité sur les médias locaux ou télévisuelle.
La franchise a été le mode de développement le plus fréquemment retenu par les enseignes. Souvent ,avec un jeune pharmacien diplômé pour diriger l’équipe du magasin. Compte tenu du caractère très spécifique des produits vendus, le libre-service est assisté par des conseillers et conseillères de vente en parapharmacie et/ou des conseillers et conseillères de vente en parfumerie. Des animatrices et animateurs proposés par les marques viennent régulièrement renforcer l’équipe de vente du magasin et proposer à la clientèle des conseils plus précis relatifs à leur marque. Ce type de magasin qui a connu une forte expansion jusque dans les années 2000 avec environ 1.300 points de vente est en net recul avec au total moins de 250 magasins dont Parashop reste l’enseigne leader et en second Tanguy Parfumeries dans l’est de la France.
Globalement l’emploi a évolué parallèlement avec le nombre de parapharmacies, une baisse, comme on le verra plus loin, très largement compensée par la croissance des parapharmacies des grandes surfaces.
Les parapharmacies à l’enseigne des Grandes Surfaces
Ces dernières, à l’image du Groupe Leclerc ont piaffé et bataillé de longues années avant de recevoir l’autorisation de vente des produits de parapharmacie, mais avec la contrainte de la présence d’un pharmacien sur le site de vente. De ce fait le mode de développement de la parapharmacie a été sérieusement ralenti dans les premières années par deux phénomènes, le manque d’enthousiasme des marques qui n’appréciaient pas de voir les prix de leurs produits « bradés » par E. Leclerc, le second parce qu’i l était souvent difficile de trouver des pharmaciens candidats à ce type de poste. Mais le pas ayant été franchi par Leclerc, quasiment toutes les grandes enseignes créèrent une parapharmacie à prix « cassés » dans les galeries marchandes (ex. Carrefour – Cora – Super U… voire carrément au milieu de leur surface de vente (ex. Auchan, Monoprix,…), en y adjoignant dans certains cas une parfumerie (Une heure pour soi chez Leclerc) ou un institut de beauté, voire les deux.
L’expansion de ce type de parapharmacies a été considérable, elle a largement compensé la baisse des « pure players » et a entraîné une augmentation très importante des emplois de conseillers et conseillères en parapharmacie et parfumerie, esthéticiennes, manucures, approvisionneurs et approvisioneuses de rayon, animateurs et animatrices en parapharmacie et parfumerie, merchandisers dans les grandes unités. Ce phénomène de croissance des effectifs a été particulièrement sensible dans les unités de parapharmacie auxquelles ont été adjointes une Parfumerie et/ou un Institut de beauté.
La formidable réponse de la pharmacie d'officine !
Au fil des ans, les marges des médicaments ont été rognées par la Sécurité Sociale et les pharmaciens ont tant bien que mal compensé cette perte de marge essentiellement grâce au développement des ventes du secteur de la parapharmacie, aux marges plus confortables.
L’attaque concurrentielle en règle sur ce secteur menée à une grande échelle par les « para-pharmaciens » ; parfois considérée comme des non professionnels par les pharmaciens ; a fait voir rouge ces derniers, car directement attaqués sur leur réservoir de marge de « compensation ».
Le résultat est allé au-delà de toutes les attentes. Avec une nette augmentation de la surface de vente consacrée à la parapharmacie dans quasiment toutes les officines et plus largement une explosion de la surface de vente totale des officines à chaque fois que c’était possible. En termes d’agrandissement, un record de la démesure va ainsi être battu au Havre en 2019 avec le transfert d’une pharmacie sur 2400 m², dont 1600 m² consacrés à la surface de vente. Au final un accroissement des ventes de ce secteur phénoménal, sur fond de guerre commerciale avec un grand bénéficiaire, le client.
Bien qu’une baisse du nombre des pharmacies soit entamée sur ces dernières années, c’est un phénomène relativement nouveau et la baisse est compensée par l’accroissement de la taille des officines. Elles sont encore 21.500 en 2017 pour une part de marché de l’ordre de 77% représentant environ 5 milliards de C.A. La plupart des pharmaciens ayant œuvré dans l’option d’accroître leur rayon de « para », nombre d’entre eux ont créé ou rejoint des chaînes qui permettent d’acheter, au travers de ces regroupements, leurs produits moins chers (Lafayette Pharmacie, Atrium pharmacies et bien d’autres). Ce mouvement contribue à mieux répondre à la concurrence qui devient très dure dans le domaine des produits de parapharmacie, mais sur un marché qui demeure très porteur en croissance (+8% par an), contre 5% dans le circuit des Grandes Surfaces
Dans le même temps que les surfaces de vente ont augmenté, les officines reformatées ont multiplié le nombre de marques présentes dans leurs rayons et leur nombre de références, l’organisation de l’approvisionnement des magasins par les réserves a été souvent automatisé. La baisse des prix généralisée qui a accompagné ces gains de productivité s’est concrétisée par une forte croissance de la fréquentation des officines, une augmentation du volume de produits vendus et donc du C.A. avec la création d’emplois qui en a découlé.
Dans cet énorme mouvement de croissance généralisée, les emplois se sont multipliés avec l’embauche de personnels professionnels qualifiés sur toute la chaîne de la pharmacie, à commencer par les pharmaciens dont la présence de un ou plusieurs est nécessaire en raison de l’amplitude horaire, tant en pharmacie qu’en parapharmacie :
- Pharmacies : Pharmaciens, étudiants en pharmacie et préparateurs et préparatrices en pharmacie, conseillers et conseillères en parapharmacie et parfumerie, approvisionneurs, et esthéticiennes, manucures…
- Marques : Animateurs et animatrices de parapharmacie et parfumeries, Formatrices, Délégués commerciaux, merchandisers,..
- Production : Biologistes, ingénieur et chef de projet industrie pharmaceutique.
Un mot sur les pharmaciens qui demeurent en tant que profession un métier d’avenir dans l’univers médical. Ils sont en 2017 environ 74.000 en place, dont 75% en officine et environ 10.000 d’entre eux ont plus de 63 ans. Une perspective de beaucoup de places à prendre à court terme… A titre de rappel, les pharmaciens sont recrutés par académie, par concours concernant les professions de santé, en même temps que les médecins, kinés, sage-femmes,…
Au passage rappelons qu’un préparateur ou préparatrice en pharmacie doit, pour exercer sa profession, passer un BP de préparateur durant 2 ans en alternance dans une officine. Pour exercer à l’hôpital il faut posséder le diplôme de préparateur en pharmacie hospitalière qui se prépare en 42 semaines après le BP, en alternance, en formation continue ou par la VAE, après sélection. Pour mémoire l’emploi de préparateur/préparatrice est à 90% féminisé et l’obtention de ce diplôme est utile, mais n’est pas indispensable pour travailler dans un rayon ou une parapharmacie.
Les emplois de vente, conseillère, animatrice, formatrice en parapharmacie seront souvent assurés par des personnes ayant suivi une formation de conseillère de vente beauté avec CAP ou Bac Pro d’esthétique - cosmétique – parfumerie et/ou bien sur un BTS esthetique-cosmétique.
Une formation en vente-commerce du type bac pro commerce, BTS MUC - NRC) peut également convenir à condition d'être complétée par une formation spécifique avec les marques du secteur.
La parapharmacie en ligne
Pour être complet, il faut parler de cette activité du e-commerce qui est venue sur le tard dans l’univers de la parapharmacie. Ceci explique sa part de marché encore relativement faible avec 5% du marché total, mais dont le taux de croissance est très élevé, autour de 15% par an. Ces sites ont été créés à l’origine par des « pure players » comme Easyparapharmacie ou Santediscount. Ils ont été rejoints par les sites de parapharmacie des grandes surfaces, Leclerc en tête et désormais par les groupements de pharmaciens. La bagarre des prix et du service va assurément être vive, les gains de parts de marché difficiles à obtenir, mais l’emploi devrait en bénéficier.
Les emplois dans la e-parapharmacie :
Ceux-ci n’ont rien à voir directement avec l’activité traditionnelle de la parapharmacie mais sont d’abord directement à rapprocher des emplois du e-commerce et sa spécificité informatique : Responsable projet, Développeur informatique, Trafic manager, Community manager, Chargé de référencement, Web designer et autres métiers encore plus pointus concernant les métiers de l’informatique appliquée au Web.
Ces emplois concernent ensuite toutes les activités liées à la logistique et au transport regroupées sous le terme anglais de « supply chain » : Directeur Logistique, Acheteur, Responsable approvisionnements, Responsable transports, Chef d’équipe, Approvisionneur, Préparateur, Cariste, Chauffeur et autres métiers encore plus spécialisés de ce secteur.
L’avenir de la « Para »
A titre de conclusion, l’avenir de l’emploi dans la parapharmacie est particulièrement encourageant avec des évolutions de fond qui sont très positives concernant cette activité. La première concerne le développement exponentiel de la vente des compléments alimentaires avec notamment les produits naturels et bio. La seconde, concerne le potentiel de croissance de la parapharmacie en ligne et des ponts qui commencent à être posés pour tester l’accompagnement de la livraison des produits de parapharmacie par celle des médicaments de la pharmacie.